RANDONNÉE AVEC
UN ÂNE EN BEAUJOLAIS
BALADE AVEC L'ÂNE
JOHNBernard et moi quittons notre maison de la Contardière, au
Bois d'Oingt, vers 9 heures avec nos petits sacs à dos garnis de gourdes
d'eau, le pique-nique, le plan des circuits et nos portables, par sécurité
(XXIe siècle oblige !). C'est John, l'âne gris et doux que nous
avons choisi pour cette promenade. L' âne John est, avec ses compères
Rita, Séraphin et Robin, l'un des ânes de Gérard et Florence,
nos voisins et nous les côtoyons tous les jours. On a droit à
un petit cours sur le brossage de l'animal, la manière de l'attacher, de
le bâter et de le débâter, de lui prendre les pieds et lui
nettoyer les sabots. Nous indiquons le parcours que nous avons choisi, à
savoir un morceau du "circuit pédestre blanc" de Saint-Vérand,
dans le Beaujolais. On trouve d'ailleurs facilement ce circuit, avec d'autres,
sur Internet. Nos sacs sont chargés sur le dos de l'âne et nous voici
prêts pour le départ. On descend le chemin de la Contardière
et on se dirige vers la Genetière direction Saint-Laurent-d'Oingt. Gérard
fait un petit morceau de chemin avec nous, pour s'assurer que tout va bien se
passer. Il nous informe qu'il ne faut pas laisser l'âne brouter l'herbe
qui se trouve sur le bord des chemins, sinon il va s'arrêter constamment
et on doit lui opposer un refus dès ses premières tentatives. Donc
forcément, au début, il cherche avec entêtement les talus
herbeux, par bravade, pour tester notre volonté. Gérard nous
quitte et nous empruntons alors un chemin pentu et caillouteux qui mène
au "Crêt des Femmes".
Crêt
des Femmes pays des Pierres Dorées Pays Beaujplais |
Le
temps est frisquet pour ce 13 août et le vent chasse les nuages noirs, annonciateurs
de pluie. On se dit "tant que le vent tient, ça ira !". L'ascension
se fait aisément, et l'on chemine entre les vignes et les bois. On aperçoit,
au loin, Oingt, Letra, Saint-Laurent-d'Oingt, Ternand, et Saint-Vérand. Arrivés
au Crêt, deux petits cochons s'ébattent dans un pré clôturé.
Curieux, ils viennent vers nous. John est sidéré ! Il n'a jamais
vu cette sorte d'énergumènes. D'autant que, se prenant pour des
vedettes, ils se font remarquer. Et que je te saute sur le dos, Naf Naf, et que
je te pousse Nif Nif ! Il manque Nouf Nouf et le loup, mais on n'est pas dans
un conte pour enfants. John semble perplexe et légèrement rigolard.
"C'est quoi, ces deux zigotos ?"
Les
petits cochons et l' âne sur le chemin vers Lerieux |
Cruellement,
Bernard lui assène : "eh oui, tu vois, ce sont des cochons et avec
le cochon, on fait des saucissons, comme avec les ânes d'ailleurs".
Cette remarque déplacée n'a pas l'air de lui plaire. Il s'immobilise.
On se sert de la badine coupée en chemin. Plaf ! Un coup délicat
sur les fesses et il repart, de mauvaise grâce, ma foi ! Après
la route du Collongeon, on emprunte un chemin qui monte vers Lerieux. Enfin, on
arrive sur un replat et l'on s'arrête près de la table panoramique
des 17 clochers. On attache John à un piquet avec la longe. L'âne
John
| Le paysage
qui s'étend devant nous s'étale sur 180° environ. Vignes, champs
aux teintes vertes variées et harmonieuses et une multitude de petits villages,
en pierres dorées, accrochés aux flancs des coteaux. Je n'arrive
pas à les compter, car certains ne sont que des hameaux, mais en tout cas
je ne suis pas en mesure de distinguer 17 clochers. Je vois bien, à l'extrême
droite du site celui de Saint-Vérand, complètement à gauche
celui de Létra. En fait, j'en compte environ 4 ou 5. Mais s'il est dit
17, ils doivent bien y être ! Car voyez-vous, en France, où il y
a un village, il y a un clocher et certainement aussi un café, cela coule
de source ! De nouveau, les nuages s'amoncèlent dans le ciel. Tiens,
du coup, ça mérite bien un petit café sorti du thermos !
John se charge de piquer le premier sucre, Bernard n'a pas été assez
rapide."Moi aussi, je mérite bien une récompense, amis humains
!" |
On repart en contournant une villa blanche, on
évite le Mont Jonc et l'on croise deux réservoirs d'eaux dont l'un
a été tagué lors des vendanges de 2005, puisqu'il en porte
encore la date. Quelques flaques d'eau s'étendent dans ce chemin de
terre et de cailloux. John est un raffiné. Il n'aime pas mouiller ses sabots.
Aussi, il les évite avec précaution. Il marche sur le bas-côté
et en profite pour s'alimenter avec la végétation ambiante. Puis
la route devient plus raide, on traverse un bois ("Bois d'Alezan, altitude
621 mètres", indiquait le dépliant du circuit). Finalement,
nous entrons dans la forêt de Brou, le chemin s'est resserré. Il
y pousse beaucoup de noisetiers. Voici
un peu plus de 2 heures que nous avons pris la route et bientôt nous arrivons
à la Croix de Brou, but de notre promenade et où nous avions prévu
de prendre notre en-cas. On prend des photos, John s'en fout, il se délecte
des plantes qui croissent à cette petite altitude et qui le changent de
l'herbe habituelle de ses prés. Nous avons bien marché, John,
Bernard et moi. On peut prendre un moment de détente et se restaurer. On
marche encore un peu pour trouver une clairière entourée d'arbres. Enfin,
voici l'endroit idéal, on attache John, on le débâte et on
le brosse. Il a droit aussi à un petit morceau de pain. On s'assoit dans
l'herbe et l'on commence à déjeuner : pain, jambon, saucisson et
fruits. Mais voilà, John me regarde avec des yeux langoureux pendant que
je déjeune. J'ai du mal à résister à ce regard
brun et je lui donne quelques croûtes. Puis je continue à manger.
| Croix
de Brou - photo avec l'âne John
|
Croix
de Brou - photo avec l'âne John et Bernard | |
Ah
! Vous mangez ! moi aussi ! |
| "Ah
! Vous mangez ! Je n'existe plus pour vous ! Vous ne me regardez même plus
!" Et vlan, d'un brusque saute d'humeur, il envoie en l'air sa couverture,
ses brosses et son bât que nous avions eu la malencontreuse idée
de poser trop près de lui. Nous restons à nous détendre
environ ¾ d'heure et après avoir préparé John, nous
repartons. Toute cette route escarpée prise à l'allée est
devenue, dans le sens opposé, un chemin très raide qu'il faut descendre
avec précaution. Comme nous sommes très attentifs à l'endroit
où nous posons nos pieds, John en profite pour souvent faire halte et couper
l'herbe des talus. Les chardons ont sa préférence, bien sur. Finalement,
nous rentrons par la Croix le Pin, sans passer par le Bois de la Flachère.
Nous rendons John à ses propriétaires, il est 5 heures de l'après-midi
et cette première balade avec un âne, ce premier contact, nous ont
permis de passer
| une journée formidable avec de nouvelles
sensations et aussi une bonne leçon : un animal doit être respecté
dans sa façon d'être, on ne peut pas l'obliger ou le transformer
à notre guise. Il faut savoir être sérieux quand on veut se
promener avec un âne, car ce n'est pas un animal en peluche, mais quelqu'un
de vivant.AU REVOIR JOHN ! A LA PROCHAINE BALADE. Je
prends quelques notes pour l' histoire "Balade avec l'âne John" |
| Histoire
et Texte de Michelle Photos de Bernard T. Copyright © Randonnée
avec âne dans le Rhône Rando, balade avec des ânes.
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