Randonner avec un âne
Avec l' âne Séraphin
Une journée bien remplie.
Ce jour-là, il ne faisait pas bien beau
Mais nous n'avons pas hésité une
seconde car nous connaissions déjà
le beau Séraphin et avions sympathisé
grâce à quelques échanges
de paroles et de caresses sur le museau.
Stéphane et Nathalie s'étaient offert
une journée de congé pour se décontracter.
Aris, le petit dernier de 4 ans et demi les accompagnait,
ainsi que Bab et Dany, naturalisés Beaujolais
depuis quelques années.
Avant le départ,
Florence et Gérard nous ont fait un
cours d'âne.
Un cours d'âne ? qu'est-ce que c'est
? Eh bien, figurez-vous qu'on ne part pas
le nez au vent avec un tel animal et qu'il
faut comprendre sa psychologie et son comportement
! Et après le cours théorique
pendant lequel on pose |
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tout un tas de questions, on passe à la toilette
de Monsieur Séraphin qui se prête volontiers
à l'exercice : dépoussiérage
à la brosse de chiendent, lustrage de son
beau pelage brun, nettoyage des sabots, installation
du bât et des sacoches émeraude. Nous
chargeons ces dernières avec notre casse-croûte,
force bouteilles d'eau, la brosse pour refaire une
beauté à notre animal en cours de
route et une longue corde pour qu'il ne se sente
pas trop prisonnier lorsque le moment sera venu
de pique-niquer. Trois gouttes de pluie et Gérard
font les premiers 500 mètres du circuit en
notre compagnie, mais en bas du chemin de la Contardière,
pluie et accompagnateur nous lâchent dans
la nature.
Nous sommes heureux et un peu inquiets tout de même
de mener notre mission d'âniers à bon
terme !
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La pluie nous ayant épargnés,
Stéphane pose négligemment son
imperméable noir sur le bât.
Un souffle de vent le fait tomber sous les
pas de Séraphin, qui, surpris, s'arrête
pile au milieu du chemin. Aussitôt,
les cinq compagnons de l'exhorter de la voix
et du geste, mais, bernique ! Séraphin
décide de faire un sitting, comme on
dit dans les manifs d'étudiants ! Bonne
Mère qu'allons-nous faire ? ça
fait tout de même quelque 350 kilos
un âne et le nôtre est bien replet
Nathalie et Dany, très maternelles,
se penchent et murmurent des mots apaisants
à l'oreille de Séraphin, qui
ne veut toujours pas bouger. Alors nous décidons
de l'alléger de ses fontes et de continuer
à le rassurer de la voix.
Le doux animal pense qu'il a été
bien supplié et se relève enfin,
ouf, nous pouvons continuer.
Il a bien mérité de brouter
quelques herbes folles et nous le laissons |
satisfaire sa gourmandise. Il s'en donnera d'ailleurs
à cur joie tout le long de la balade
et nous aurons toutes les peines du monde à
le convaincre qu'il ne faut pas exagérer.
Séraphin
est un âne compréhensif et s'adapte
à notre rythme, nous permettant de
reprendre notre souffle tout en admirant un
paysage magnifique.
De temps en temps il accepte de porter les
18 kilos d'Aris, lequel, ravi affiche un sourire
béat. Nous avons apporté quelques
croûtons de pain rassis, friandise très
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appréciée de notre destrier. Soudain,
dans un hameau, des travaux sont signalés
et un énorme camion encombre le milieu de
la route. Mais il reste de la place pour passer
entre le flanc du véhicule et un engin de
terrassement échoué sur le bord. Seulement,
voilà, Séraphin, qui doit être
un peu myope, après avoir estimé la
largeur du passage, refuse catégoriquement
de s'engager. Bon, il est temps de mettre en pratique
les cours du matin : nous agitons une branchette
dans l'air pour faire du bruit, tapotons la croupe
du récalcitrant en lui certifiant qu'il peut
passer, allons, venons comme des mouches du coche,
mais nous n'avançons pas d'un sabot. Une
certaine gaîté règne parmi les
ouvriers du chantier qui, gentiment, décident
alors d'avancer le camion pour libérer la
totalité du chemin. Sa majesté l'âne
passe, impérial et hautain.
Plus loin, nous
longeons un pré habité par une
jument et son poulain, massifs, fessus, au
pelage caramel et à la crinière
blanche, mais nous sommes les seuls à
nous intéresser à eux. Séraphin
les ignore superbement bien que les chevaux
lui aient adressé un bonjour sonore
en accourant pour le voir. |
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Mais peut-être se sont-ils moqués de
lui, allez savoir !
Quelques caresses aux deux bêtes compensent
le mépris de Séraphin.
Et nous avançons. De loin en loin, un véhicule
passe, ralentissant pour ne pas effrayer notre coursier
et un monsieur s'est même arrêté
pour lui donner une carotte. Décidemment,
c'est le jour des gourmandises !
Séraphin n'aime pas se salir ni se mouiller
les sabots et nous fait rire quand il évite
délicatement quelques flaques.
Nous terminons la randonnée en passant
dans le bois de La Flachère et nous en
profitons pour faire la dernière halte-goûter.
Séraphin et Aris échangent leurs
derniers secrets en bons amis qu'ils sont devenus.
Mais il faut rentrer
nous sommes un peu
tristes (et sainement fatigués) de nous
séparer de ce compagnon idéal. Lui
est tout heureux de retrouver frères, surs,
cousins, neveux qui, tous, manifestent leur joie
par des braiements sonores qu'il accueille avec
son flegme habituel.
Un âne comme compagnon de promenade ? C'est
formidable ! On s'occupe beaucoup de lui par plaisir
et, en échange, il fait en sorte que nous
ne nous apercevions pas que nous faisons des kilomètres.
A quand la prochaine sortie ?
Histoire et Texte et Photos de : D. Winnik. Copyright
©
Randonnée avec l'âne Séraphin
dans le Rhône
Rando, balade avec des ânes
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